En réponse à un courriel récemment publié par la Direction de Creativ’, qui accuse certains médias locaux, notamment le Bien Public, de propager des “fake news”, nous tenons à fournir des clarifications sur la situation actuelle de notre collègue, Bilel.
La Direction affirme que Bilel n’est pas privé de salaire depuis plus d’une semaine et qu’il n’est pas sous la menace d’un licenciement. Pour éclaircir ces affirmations, nous publions ici une convocation à un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Ce document a été remis à Bilel le 26 juin 2023, à 15h, et mentionne également une mise à pied conservatoire à partir de cette même date. Bilel n’est donc pas en vacances rémunérées, chez lui.
De plus, nous vous informons que la Direction de Creativ’ a programmé une réunion extraordinaire du CSE, dans le but de solliciter un avis sur son projet de licencier Bilel. Cette réunion est prévue pour le lundi 10 juillet 2023, à 11h. Cela fera alors 14 jours que Bilel sera mis à pied.
Nous partageons également avec vous la note détaillée que la Direction a fournie au CSE, dans le cadre de la procédure d’avis sur le projet de licenciement.
On lui reproche d’avoir critiqué une « pratique malhonnête » de la Responsable des Ressouces Humaines (RRH) dans un courriel envoyé à tous les employés, alors que, d’après la Direction, « la conversation le concernait personnellement ».
Pour mettre les choses en contexte, le 20 juin 2023, la direction de Creativ’ a organisé une journée spéciale dédiée à l’amélioration de la qualité de vie au travail, en collaboration avec l’Aract. C’est une initiative que notre organisation a soutenue et réclamé activement. Cependant, il y a eu un hic. La veille de cet événement important, où tous les salariés étaient censés participer, beaucoup d’entre eux étaient encore dans le flou. Ils n’avaient pas reçu toutes les informations nécessaires, comme le lieu précis de l’événement et le programme détaillé.
C’est pourquoi, le 19 juin, à 16h01, Bilel a décidé de demander des éclaircissements. Ce qui a suivi, c’est une conversation, tout à fait cordiale, entre lui et l’assistante du Directeur. Après deux échanges de mails et 47 minutes, la discussion s’est conclue. Bilel avait obtenu les informations dont il avait besoin et a suggéré, pour l’avenir, une meilleure anticipation de ce type d’informations.
C’est là que les choses deviennent un peu étranges. Deux jours après l’événement, le jeudi 22 juin, la RRH qui travaille habituellement du lundi au mercredi, a décidé de s’adresser “personnellement” à Bilel. Et elle l’a fait dans un mail envoyé à tous les employés. Elle lui a reproché, entre autres, de ne pas s’être encore inscrit aux formations qu’elle organise pour aider les employés à se familiariser avec le nouveau SIRH. Et pourtant, ces formations ont continué la semaine suivante pour au moins une demi-douzaine d’autres employés.
Bilel n’a donc pas “mis tous les salariés en copie”. En réalité, il a simplement répondu à la RRH, en utilisant le même format qu’elle avait choisi pour initier cette conversation qui “le concernait personnellement”, du propre aveu de la Direction.
Bilel commence sa réponse en remerciant la RRH pour son message, tout en soulignant que les salariés qu’elle a mis en copie n’étaient pas directement concernés par le sujet de sa participation à la formation. Ensuite, enfilant son rôle de Délégué du Personnel, il exprime son regret que les détails du programme et surtout le lieu de l’événement n’étaient accessibles que via le SIRH, alors que la RRH savait pertinemment que tous les salariés n’étaient pas encore à l’aise avec cet outil (puisqu’ils n’étaient pas encore “formés”). Enfin, il qualifie de “malhonnête” non pas la RRH en personne, mais la “pratique” qui consiste à le réprimander publiquement sur un sujet qui le concerne personnellement, tout en diffusant des informations importantes sur un outil que tous les salariés ne maîtrisent pas encore.
Dans ce contexte, nous constatons que Bilel avait raison de souligner que cette manière de faire ne respecte pas l’obligation de bonne foi qui doit présider à l’exécution du contrat de travail.
Le fait que les autres employés soient les destinataires des reproches de la RRH envers un collègue crée un climat de tension évident. C’est encore plus stressant lorsque ces reproches publics sont la réponse à une simple demande d’information courtoise. Et finalement, le fait que l’employé concerné soit suspendu pour avoir justement qualifié cette pratique de “malhonnête” et “indigne” est extrêmement inquiétant.
La réaction de la Direction, sa gestion de la situation et la désinformation qu’elle propage révèlent qu’elle ne garantit pas les droits fondamentaux des salariés. En particulier, elle ne respecte pas la liberté d’expression, essentielle pour qu’un représentant du personnel exerce son mandat et joue son rôle à tout moment au sein de l’organisation.
Il est regrettable que la Direction ait opté pour une telle attitude, surtout au moment où elle initie une démarche visant à améliorer la qualité de vie au travail. Pour une telle initiative, la liberté d’expression des salariés est absolument essentielle.
La Direction semble une fois de plus adopter une stratégie de communication visant à ternir et discréditer l’image des syndicats. Rappelons qu’en 2020, elle avait déjà été condamnée pour avoir porté atteinte à l’image de la CGT. Nous avions espéré que cette époque était révolue. Malheureusement, cet incident récent témoigne d’une certaine persistance dans son approche conflictuelle avec les organisations de travailleurs et les représentants du personnel.
De notre côté, nous plaidons pour une désescalade dans les tactiques et le langage utilisés, et nous nous engageons à œuvrer pour un retour rapide à une situation sereine, dans l’intérêt supérieur des travailleurs.